Depuis la dernière
élection, force est de constater que la nouvelle municipalité a une
volonté de mouvement fortement affichée. Une multitude de projets
est annoncée surtout en termes d'urbanisme. Certains commencent à
voir le jour comme la rénovation de la place de l'église.
Cette volonté de
mouvement s'accompagne d'un vrai effort de communication et de
transparence. Le Fontenay scope présente certains projets, des
réunions publiques ont été organisées. Il y a donc de
l'information. Mais force est de constater aussi qu'aucun de ces
projets n'a fait l'objet d'une concertation avec les citoyens. Les
projets ne rentrent pas dans le cadre d'une démarche de démocratie
participative telle qu'on pourrait l'attendre si on s'en tient à
l'esprit de la charte qui devrait régir cet aspect dans notre
commune.
Une telle démarche
impliquerait en effet des calendriers et des procédures très
différents. Il faudrait présenter aux citoyens non pas le projet
fini mais le contexte et les raisons du lancement d'un projet très
tôt. Avant que les techniciens et les entreprises soient sollicités
afin de laisser du temps à la réflexion collective, à la
proposition d'alternatives et à la co-elaboration avec les experts
d'usage que sont les citoyens en lien étroit avec les experts
techniques et juridiques de la municipalité. Une fois le projet
consolidé, on peut alors se lancer dans la réalisation et le suivi
et mettre en place la communication.
Nous constatons que la
méthode actuelle ne suit pas un tel calendrier et n'adopte pas une
telle méthodologie. On peut penser à deux types de raisons qui font
renoncer à la démocratie participative. La première vient de la
volonté d'aller vite afin de pouvoir mettre en œuvre rapidement les
projets qui tiennent à cœur à l'équipe municipale. Les propos du
maire dans son éditorial du mois de mai 2016 semblent en effet
associer la démocratie participative à un blocage :
« La
mise en œuvre d’une démocratie participative se heurte à ce type
de difficultés, entre dérives partisanes politiciennes et fantasme
de consensus, dont le principal risque est la paralysie de toute
action municipale. » (souce Fontenay Magazine, édito p:3)
La deuxième raison
vient du sentiment de perte de contrôle. En effet, engager une
démarche précoce et sincère de concertation conduit parfois à la
genèse d'un projet sensiblement différent de l'idée initiale.
Sur le premier point,
nous pensons que c'est une erreur de croire que l'économie d'une
démarche de réelle concertation sera gage de vitesse de réalisation
du projet. On constate même empiriquement que ce n'est pas le cas.
En effet, si les citoyens ne sont pas inclus dans le processus dès
le départ, on prend le risque d'une opposition au projet. C'est
alors un climat de rapport de force qui s’instaure. Le projet de la
rue des potiers illustre bien ce processus. La municipalité à la
volonté de rénover le quartier des Blagis et a inclus ce secteur
dans un Opération Programmée du nouveau PLU. Dans ce cadre, elle a
souhaité rénover un premier bâtiment, rue des Potiers, qui était
présenté comme nécessaire pour des opérations de relogement
pendant les périodes de réhabilitation rénovation.
Le projet présenté aux riverains a soulevé de fortes
protestations. Des recours puis des actions en justice ont été
engagés. La municipalité a alors instauré des discussions avec les
riverains et un nouveau projet est en cours de co-elaboration. Quelle
perte de temps ! Mais aussi quelle perte d'énergie et d'argent.
En effet, des cabinets d'étude et des architectes ont travaillé sur
un projet voué à l'échec car construit sans impliquer les experts
d'usages. Espérons que le nouveau projet est réellement discuté
avec tous les acteurs et qu'il verra le jour rapidement et dans un
climat plus serein.
On voit bien que la
municipalité veut continuer sur ce mode de DP (démocratie
« protestataire ») puisqu'un festival de nouveaux projets
complètement inédits ont été présentés à l'occasion de la
réunion publique sur le PLU sans que soit annoncé en même temps la
volonté de les inscrire dans une démarche de concertation. Alors
même que les détails ne sont pas connus, la seule présentation à
déjà soulevé des crispations dans la salle. Le sentiment
d'exclusion de la construction des projets s'accompagne d'un
sentiment de méfiance. Le même processus est en train de se mettre
en place avec l'ancien conservatoire de la rue Soubise. En effet,
alors qu'une association dédiée au devenir de ce bâtiment existe
depuis plusieurs années et qu'il y avait beaucoup de temps
disponible pour la mise en place d'une discussion sereine sur le
devenir du bâtiment avec tous les acteurs (associations, CEMUA,
comités d'habitants, fontenaisiens...), l'annonce récente de
possibles décisions imminentes montre que tous le travail sur le
devenir du bâtiment a été fait de façon complètement opaque sans
doute toujours dans une volonté d'efficacité supposée et de
contrôle. Une pétition est lancée...
Sur les inquiétudes
exprimées sur certains projets annoncés dans le cadre du PLU, la
réponse du maire est pour l'instant de dire que ce n'est pas parce
qu'un projet est possible qu'il va se faire et que si cela ne
convient pas, le PLU laisse de la place pour faire des recours !
Nous
sommes donc à Fontenay-aux-Roses, dans une ville qui assume la DP :
la démocratie « protestataire ». Cela lui échappe en
partie pour les opérations privées, mais la municipalité a le
choix pour de nombreuses opérations sur le domaine public de
procéder autrement.
Une objection
fréquente à la Démocratie Participative tient au fait qu'elle ne
serait pas garante de l'intérêt général. Seul les élus auraient
cette vertu de prendre des décisions dans le sens de l'intérêt
général ; les associations, les citoyens non élus et tous
autres groupes ne défendraient quant à eux que des intérêts
personnels ou partisans.
Mais que constate-t-on
dans la Démocratie « protestataire », les décisions
sont modifiées par les groupes qui protestent avec le plus de
véhémence. Sans engager la polémique sur la tendance à aller dans
le sens de tel ou tel groupe perçu comme un électorat en vue des
prochaines échéances. Est-ce une meilleure garantie de l'intérêt
général ?
Notre association,
militante de longue date pour la démocratie participative, soutient
qu'une telle démarche est nécessaire afin de ne pas perdre de temps
et d'argent et afin de maintenir un climat serein dans la ville. Nous
pensons qu'il n'est pas trop tard pour réellement repartir dans la
construction de projets soutenus par les citoyens. Oui, la démarche
est exigeante afin de garantir l'implication de tous les acteurs
pertinents pour l'intérêt général, mais celle-ci nécessite une
implication forte et volontariste des équipes municipales. Ce sera
le gage d'un climat plus serein et d'une ville plus adaptée à nos
besoins.
Antoine Thill
président de CIVIFAR